Lettre ouverte

Au collectif Viti 33 et à tous les viticulteurs présents devant nos portes le 28 février dernier.

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Vous parlez de construire une filière forte et de nous asseoir à la table des négociations.

Pensez-vous qu’il est possible de construire ensemble cette filière quand devant nos portes se trouve un groupe de viticulteurs déterminés à salir non seulement notre entreprise, mais aussi notre image, comme point de départ aux négociations ?

Comment s’asseoir dignement à cette table quand le négociant que nous sommes, qui œuvre jour après jour à faire vivre le Vin, le valoriser et le soutenir auprès des consommateurs du monde entier et sur tous les marchés, dans cette crise sans précédent qui nous affecte tous, est montré du doigt et calomnié ?

Ces viticulteurs sont-ils venus apporter un message à tous les collaborateurs de l’entreprise Castel, hommes et femmes de tout métier, en train de prendre soin de la vigne, de procéder au ouillage dans les chais, de sélectionner et déguster des vins, de créer des étiquettes, de travailler à l’embouteillage, au stockage ?

Sont-ils venus leur dire que nous ne sommes plus dans la même famille, la même filière ? Sont-ils venus les empêcher de travailler au développement de notre bien commun ? Ou pire, les inquiéter sur leur lieu de travail ?

Est-ce que cette minorité de viticulteurs irrespectueux et virulents que nous avons vu à l’œuvre, et qui, nous l’affirmons, ont causé des dégradations et préjudices, sont les porte-paroles de toute la viticulture aujourd’hui ?

Nous ne le pensons pas, et nous rejetons fermement ces comportements extrêmes qui ne sont pas dignes de notre grande famille viticole, qui a uni jusque-là vignerons et négociants.

Une limite a été franchie ce 28 février dernier par ces viticulteurs, et nous faisons le choix légitime d’assigner en justice les responsables de ces actes, qui devront réparer les préjudices commis. Aucun dialogue, aucune entente ne sera possible tant que continueront de planer des menaces non pas de manifestations, mais de blocages, qui promettent d’autres dégradations, et tant que l’image de l’entreprise Castel et plus largement du Négoce ne sera pas restaurée.

A tous les acteurs de la filière Vin de Bordeaux

Au-delà de ces méthodes parfaitement condamnables, quels messages portent haut et fort les viticulteurs aujourd’hui ? Quels messages portent donc les institutions dont le rôle est de nous épauler ? Et bien sur quels messages portent les médias, dont l’un se fait fort de porter un « coup d’estoc » au négoce ?

Devons-nous croire que la crise actuelle pèse uniquement sur les épaules des négociants ? Que le cours du vrac est le seul levier capable de restructurer la filière dans son ensemble, rétablir l’équilibre de l’offre et la demande, et bien sûr comprendre les causes profondes de la déconsommation et les attentes des consommateurs d’aujourd’hui et de demain ?

Si le nom de l’entreprise Castel résonne bien sûr en tant que négociant, nous sommes depuis toujours Vignerons et nous sommes aussi Commerçants, et faire Vivre le Vin est notre Raison d’Être. C’est pourquoi plus que toute autre entreprise, nous prenons la pleine mesure de cette crise dramatique et historique, que nous traversons également, qui nous atteint et oriente nos décisions.

Aussi, nous avons décidé de maintenir notre choix de pratiques tarifaires qui valorisent les vins de Bordeaux, envers les viticulteurs, même si, nous le reconnaissons, cela reste lié à un contexte marché très difficile. Un choix qui, aujourd’hui, n’a pas été remis en question par nos partenaires.

Mais nous faisons également le choix de nous retirer provisoirement de toutes les institutions de la filière des vins de Bordeaux, afin de faire entendre notre voix et notre colère !

Au-delà des viticulteurs, chaque membre de la filière, et tout particulièrement nos institutions, porte également une part de responsabilité dans l’image des Vins de Bordeaux et doit participer activement à la réhabilitation de l’image du Négoce.